"Si vous mettez de bonnes pommes dans une mauvaise situation, vous obtiendrez de mauvaises pommes.", Philip G. Zimbardo
Avez-vous déjà entendu parler de l'expérience de Stanford autrement appelée Effet Lucifer ?
Cette étude en psychologie sociale, aussi fascinante qu'inquiétante, a fait l'objet de diverses controverses, mais reste à mes yeux très révélatrice...
Car ce qu'elle révèle est beaucoup plus profond que ce qu'elle cherchait à montrer...
Mais commençons par le commencement !
Tout d'abord, l'expérience
Dans la lignée des travaux de Milgram sur la soumission à l'autorité, qui visaient à expliquer les comportements inhumains constatés lors de la seconde guerre mondiale, Philip Zimbardo a voulu étudier les mécanismes qui poussent des personnes comme vous et moi à commettre des actes dits "immoraux".
Pour ce faire, le psychologue américain Philip Zimbardo a recruté une vingtaine d'étudiants évalués comme mentalement stables et matures.
Les volontaires se sont vus attribuer soit un rôle de prisonnier, soit un rôle de gardien de prison, de manière aléatoire.
Philip Zimbardo jouait lui-même le directeur de la "prison".
Des résultats aussi brutaux qu'affolants
L'expérience, qui devait initialement durer 2 semaines s'est vue stoppée en 6 jours.
En effet, les prisonniers et gardiens se sont tellement "pris au jeu" qu'ils se sont placés dans des situations dangereuses et psychologiquement préjudiciables.
Il fut observé :
qu'un tiers des gardiens a fait preuve de comportements sadiques,
la majorité des prisonniers s'est passivement soumise aux mauvais traitements, les acceptant comme "justifiés"
les prisonniers qui se sont révoltés ont été isolés, affamés, privés de sommeil, humiliés,
A tel point que plusieurs prisonniers ont été traumatisés, deux d'entre eux ont été retirés de l'expérience.
Le plus étonnant reste encore l'absence de réaction des participants directs comme indirects.
Sur la cinquantaine de personnes ayant fréquenté la prison,
ni les amis et membres de la famille en "visite",
ni les psychologues ,
ni les étudiants de second cycle en psychologie,
ni le prêtre et le " protecteur du citoyen"
n'ont réagi face aux mauvais traitements infligés aux prisonniers !!!
La seule à s'insurger fut Christina Maslach, psychologue et compagne du professeur Zimbardo, ce qui a permis d'interrompre l'expérience de Stanford.
“La capacité infinie de l’esprit humain pour transformer n’importe qui en personne aimable ou cruelle, compatissante ou égoïste, créative ou destructive, et de faire que certains deviennent des méchants tandis que d’autres sont tout simplement des héros”., Philip G. Zimbardo
Dans son livre “L’effet Lucifer”, Zimbardo explique que le processus de déshumanisation était inévitable compte tenu des facteurs situationnels, des dynamiques sociales et de la pression psychologique.
"L'effet Lucifer" décrit le moment où une personne ordinaire et normale franchit pour la première fois la frontière entre le bien et le mal pour se livrer à une action malveillante.
Il représente une transformation du caractère humain qui a des conséquences importantes.
De telles transformations sont plus susceptibles de se produire dans des contextes nouveaux, dans des "situations totales", où les forces sociales de la situation sont suffisamment puissantes pour submerger, ou mettre temporairement de côté, les attributs personnels de moralité, de compassion ou de sens de la justice et du fair-play.
Le mal est l'exercice du pouvoir de nuire intentionnellement (psychologiquement), de blesser (physiquement), ou de détruire (mortellement ou spirituellement) les autres.", Philip G. Zimbardo
Controverses
Certains pensent que Philip Zimbardo est intervenu, orientant certains comportements et biaisant les résultats. [Voir article ici]
Que ce soit vrai ou faux, moral ou immoral, je pense qu'il y matière à réfléchir "plus loin"...
Tout comme dans les expériences de Milgram que je décris dans cet autre article, ...cela pousse à réflexion...
N'avez-vous pas remarqué avec quelle facilité prisonniers comme gardiens se sont laissés dépasser par leurs rôles, au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer ?
Comme s'ils avaient oublié qui ils étaient vraiment et ce, en l'espace de quelques instants ou quelques jours...
Et si notre vie entière n'était elle aussi qu'une vaste pièce de théâtre ?
Et si nous nous étions laissés dépasser par le rôle ?
A l'image de ces "acteurs" d'expérience, ou d'enfants qui jouent au "docteur", à la "maman", ne serions-nous pas constamment en train d'endosser un rôle...aussi tragique qu'il puisse paraitre parfois ?
Et qui sommes-nous vraiment derrière ces "je" d'acteurs ?
Nous sommes le prisonnier et le geôlier, l'écrivain, le metteur en scène, tous les personnages de la pièce de théâtre de notre vie...
Ainsi que le spectateur...notre Conscience qui observe et en train d'expérimenter la vie.
Mais nous l'avons oublié !
Je vous invite à explorer cette idée dans mon article dédié par ici : Lever de rideau sur le jeu de votre vie !
Info bonus
Le nom « Lucifer » signifie en latin « Porteur de lumière » (lux, « lumière », et ferre, « porter »). C'était à l'origine, l'un des noms que les Romains donnèrent à l'« étoile du matin », c'est-à-dire la planète Vénus.
Dans la tradition chrétienne, Lucifer est associé à l'orgueil.
Il est considéré comme un ange déchu pour s'être rebellé contre Dieu. Il est alors assimilé à Satan et au Diable." (Source Wikiquote)
Aller plus loin
Retrouvez l'article Lever de rideau sur le jeu de votre vie !
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Photo du post Grisaille ambiante, 31 janvier 2021
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