top of page
  • Photo du rédacteurCatherine Regnier

Biais retrospectif et théorie du Cygne Noir

"Ce que les hommes veulent en fait, ce n'est pas la connaissance, c'est la certitude.", Bertrand Russell

Le biais rétrospectif (autrement nommé biais du professionnel ou distorsion rétrospective) est une erreur de jugement cognitif où les personnes vont rationaliser après coup un événement imprévu et le considérer a posteriori comme "prévisible"...alors qu'il ne l'était absolument pas !


On résume parfois ce biais par la formule "je le savais depuis le début" !


Cette distorsion cherche à rendre cet évènement inattendu cohérent avec le passé.

"Nous souffrons d'une quasi incapacité à observer des suites d'événements sans leur attribuer une explication.", Nassim Nicholas Taleb


A l'origine, la Théorie du Cygne Noir

"Avant la découverte de l’Australie, l’Ancien Monde était convaincu que tous les cygnes sans exception étaient blancs – croyance d’autant plus inattaquable qu’elle semblait entièrement confirmée par des preuves empiriques.

La vue du premier cygne noir dut donc être une surprise intéressante pour quelques ornithologues (et d’autres personnes extrêmement préoccupées par la couleur des oiseaux), mais là n’est pas l’important.


En fait, cette histoire montre que notre apprentissage par l’observation ou l’expérience est sérieusement limité, et notre savoir, bien fragile ; une seule observation est capable d’invalider une affirmation générale découlant du spectacle millénaire, entériné des millions de fois, de cygnes blancs ; il suffit d’un seul (et très laid, paraît-il) oiseau noir.", Nassim Nicholas Taleb


En réutilisant cette découverte de1864, Nassim Nicholas Taleb a développé sa "théorie du cygne noir" pour désigner un fait historique majeur et inattendu dont on pense à posteriori et à tort, qu'il était très prévisible.


Cygne de l'étang voisin - Photographie Catherine Régnier, septembre 2020
Cygne de l'étang voisin - Photographie Catherine Régnier, septembre 2020
"Ce que nous appelons ici « Cygne Noir » est un événement qui présente les caractéristiques suivantes :
Première, il s'agit d'une aberration ; de fait, il se situe en dehors du cadre de nos attentes ordinaires, car rien dans le passé n'indique de façon convaincante qu'il ait des chances de se produire.
Deuxièmement, son impact est extrêmement fort.
Troisièmement, en dépit de son statut d'aberration, notre nature humaine nous pousse à élaborer après-coup des explications concernant sa survenue, le rendant ainsi explicable et prévisible.", Nassim Nicholas Taleb

Le biais retrospectif est partout !


De telles erreurs de jugement surviennent dans des domaines aussi variés que

  • le comportement individuel en entreprise ou en société,

  • le diagnostic médical,

  • la spéculation boursière,

  • les erreurs judiciaires.

  • la descriptions d'évènements politiques, historiques, médiatiques...

Si on reprend l'exemple du diagnostic médical : nombreux sont ceux qui finissent par penser qu'un diagnostic inattendu allait de soi, une fois la maladie "révélée", et retrouvent après coup, aisément, les signes qui auraient dû faire envisager ce diagnostic plutôt qu'un autre.


Encore plus fort, certains trouvent des signes a posteriori..., alors même que ce diagnostic est faux !

"On voit aisément que la vie est l'effet cumulatif d'une poignée de chocs significatifs : identifier le rôle des Cygnes Noirs de son fauteuil n'est pas si difficile que cela. Faites l'exercice suivant.
Examinez votre propre existence. Faites le compte des événements importants, des changements technologiques et des inventions qui ont eu lieu dans votre environnement depuis votre naissance, et comparez-les à ce qui était attendu avant leur apparition.
Combien d'entre eux étaient planifiés ? Examinez votre vie personnelle – le choix de votre profession, ou la rencontre avec votre conjoint, votre départ de votre pays d'origine, les trahisons auxquelles vous avez été confronté, votre enrichissement ou votre paupérisation soudains. Combien de fois ces choses-là se sont-elles produites comme prévu ?",
Nassim Nicholas Taleb dans "Le cygne noir : La puissance de l'imprévisible"
Cygne de l'étang voisin - Photographie Catherine Régnier, septembre 2020
Cygne de l'étang voisin - Photographie Catherine Régnier, septembre 2020

Pourquoi réagissons-nous ainsi ?


Selon l'essayiste et statisticien Nassim Nicholas Taleb, le biais rétrospectif est un mécanisme de déni du hasard dans lequel tout événement doit pouvoir se justifier afin d’être le plus prévisible possible, sa fonction étant dès lors de conforter les personnes dans leur sentiment de contrôler l'incertitude.


En effet, lorsqu'un fait survient et bouleverse nos croyances, notre rapport à cet événement s'en retrouve modifié et, quelque part, nous cherchons à nous raccrocher à des explications "rationnelles" pour retrouver une "illusion de contrôle".

"La chance est un facteur d'égalité beaucoup plus important que l'intelligence elle-même. Si les gens étaient récompensés uniquement en fonction de leurs capacités, les choses seraient encore injustes car on ne choisit pas ses capacités.
Le hasard a un effet bénéfique: il redistribue les cartes de la société et terrasse le puissant.", Nassim Nicholas Taleb

Aller plus loin


Sur les biais et distorsions de notre cerveau


Psychologie sociale et comportements (parfois hallucinants...)

Et tous mes autres articles autour de la Psycho ici

Je serai heureuse de lire vos commentaires et partager avec vous !


(il faut s'inscrire au blog pour pouvoir commenter, et également avoir accès au forum avec les autres membres du blog, ...mais cela ne vous engage à rien !)


Cygne de l'étang voisin - Photographie Catherine Régnier, septembre 2020
Cygne de l'étang voisin - Photographie Catherine Régnier, septembre 2020

Posts récents

Voir tout
bottom of page