"Etre bon, c'est être en harmonie avec soi-même. La dissonance, c'est de se voir contraint à être en harmonie avec autrui. Notre propre vie, c'est cela qui est important.", Oscar Wilde dans Le Portrait de Dorian Gray (1891)
En psychologie sociale, la théorie de la dissonance cognitive fut élaborée en 1957 par le psychosociologue américain Leon Festinger.
Elle explique comment une personne confrontée à des informations, opinions, comportements ou croyances incompatibles avec les siennes, ressent un état de tension désagréable.
Exemple : Vous croyez que cela porte malheur de se retrouver à 13 à table. Vous avez organisé un dîner à 14 mais un invité se décommande...vous vous sentez très mal à l'aise.
Cet état, dit de "dissonance cognitive", conduit la personne à développer des stratégies inconscientes visant à réduire la dissonance et se rapprocher de l'état opposé nommé "consonance positive"....
Pour réduire la dissonance, vous allez par exemple inviter un autre couple, reporter le dîner,
vous convaincre que cette superstition est ridicule, en vous remémorant des situations à 13 où tout s'est très bien passé, etc.
Une autre illustration de la réduction de la dissonance cognitive est la fable LE RENARD ET LES RAISINS de La Fontaine.
Certain Renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d'une peau vermeille.
Le Galand en eut fait volontiers un repas ;
Mais comme il n'y pouvait point atteindre :
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.
Fit-il pas mieux que de se plaindre?
La réalité ...réinterprétée...
Comme vous l'avez vu dans les exemples ci-dessus, la réduction de la dissonance cognitive consiste, entre autres, en une modification des croyances, opinions ou attitudes pour les rendre plus congruentes avec l'information contradictoire.
On appelle cela le processus de rationalisation cognitive.
À titre d'illustration, on peut citer le concordisme, attitude qui consiste à rapprocher le dogme religieux de la science.
À chaque découverte scientifique significative, les concordistes tentent de faire coïncider les textes sacrés avec la science, avec de nouvelles interprétations des Écritures.
Le manque de précision de ces dernières étant attribué à l'état pré-scientifique de ceux qui les ont rédigées...
La réduction de la dissonance cognitive peut également s'effectuer de la manière suivante :
Ignorer et/ou oublier le(s) éléments(s) dissonant(s).
Réinterpréter la réalité pour faire en sorte que les croyances restent intactes.
Minimiser l'importance des éléments dissonants.
Modifier un ou plusieurs des éléments dissonants comme changer de comportement ou d'attitude.
Ajouter des éléments consonants qui justifient le comportement dissonant.
Changer ses croyances pour plus de congruence ?
On constate qu'il est plus "coûteux" de corriger des idées acquises que d'apprendre des concepts nouveaux pour lesquels nous ne disposons pas encore d'un modèle ou d'un système de représentation.
"Plus un apprentissage a été difficile, malaisé, douloureux ou même humiliant, moins l'individu est prêt à remettre en cause la valeur de ce qui lui a été enseigné.
Cela signifierait en effet qu'il a investi et souffert pour rien." Gregory Bateson
Plus particulièrement, les croyances partagées par un collectif sont perçues comme des vérités. Lorsque des faits vont à l'encontre de ces croyances, il est plus efficace d'engager un dialogue permettant le questionnement et une prise de conscience, que de provoquer une dissonance cognitive.
Quoi qu'il en soit, les dissonances cognitives peuvent être vécues comme de belles opportunités d'apprentissage, permettant d'aller vers plus de congruence, que ce soit sur le plan individuel ou collectif !
En effet, accueillir des éléments a priori "incompatibles" avec notre perception de la réalité permet d'élargir "notre carte du monde" et intégrer une vision de plus en plus globale du monde qui nous entoure.
Pensez à Galilée ou à la théorie de la relativité !
"Congruence est le terme que nous avons employé pour indiquer une correspondance exacte entre l'expérience et la prise de conscience. Ce terme peut aussi désigner d'une façon plus large l'accord de l'expérience, de la conscience et de la communication.", Carl Rogers dans Le développement de la personne.
Explications en vidéo
Aller plus loin...
Sur les biais et distorsions de notre cerveau
La réalité...quelle réalité ?
Votre pouvoir de changer
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Azurés du post Cimes, insectes et botanique, 18 août 2020
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