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Photo du rédacteurCatherine Regnier

"Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle" : réflexion autour de l'accord toltèque

Dernière mise à jour : 14 nov. 2021

Ces derniers temps, avec les remous provoqués par le contexte sanitaire et la division des convictions, je me suis sentie atterrée par les proportions que prenaient certaines réactions.


De fait, j'ai beaucoup pensé aux accords toltèques de Don Miguel Ruiz, et notamment le deuxième :


"N’en faites jamais une affaire personnelle".

Cela a suscité diverses réflexions, que je propose de soumettre à votre regard bienveillant dans cet article.


Après avoir explicité ce que sont les accords toltèques, je vous partagerai d'une part ma vision sur :

  • ce que révèlent nos réactions à ce qu'autrui nous envoie, ce que nous pouvons apprendre de nous-mêmes... et également des autres personnes ;

  • d'autre part, la posture qui me semble la plus sage à adopter face à des réactions conflictuelles où aucune discussion n'est possible (en tous cas momentanément),

  • ainsi que l'accueil de l'autre, quoi qu'il émette, sans nier ce que nous sommes.


Les accords toltèques : késako ?


Les accords toltèques sont des principes de vie mondialement diffusés au travers de deux ouvrages de développement personnel rédigés par Don Miguel Ruiz.


L'application de ces accords participe à devenir SOI, en nous libérant des filtres, croyances et conditionnements qui nous empêchent de nous voir et nous vivre tels que nous sommes.


Les voici, tels qu'énoncés par leur auteur :

  • Que votre parole soit impeccable.

  • N’en faites jamais une affaire personnelle.

  • Ne faites aucune supposition.

  • Faites toujours de votre mieux.

  • + Soyez sceptique mais apprenez à écouter.


Dans cet article, j'aborderai uniquement le second accord.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les 4 autres, je vous invite à (re)découvrir mon précédent post intitulé Les 4 accords toltèques...et même 5 😉 de Don Miguel Ruiz.


Qu'entend-t-on par "ne pas en faire une affaire personnelle" ?


Notre représentation du monde est subjective et individuelle, un fragment seulement d'une réalité globale et partagée.


Comme diraient les PNListes : La carte n'est pas le territoire.


En effet, la réalité nous est inaccessible car nos perceptions, nos conditionnements, notre système de croyances en limitent l'appréhension.

De fait, vous et moi, votre ami le plus proche et vous-même, deux personnes étrangères auront toujours une vision DIFFERENTE, à la fois très réduite et déformée du monde tel qu'il est vraiment.

2 perceptions différentes d'une même réalité
2 perceptions différentes d'une même réalité


[Pour mieux comprendre cette notion de réalité individuelle versus "LA réalité", je vous propose aussi cet article en deux parties :


Quand deux systèmes de croyances rentrent en contact...


Les conflits relationnels proviennent, le plus souvent, de la confusion que nous faisons entre la carte (notre vision individuelle et partielle de la réalité) et le territoire (la réalité elle-même dont nous ne percevons qu'une infime partie).


Quand nous émettons une opinion, un ressenti, nous ne parlons que de nous, de NOTRE représentation individuelle du monde, de notre système de croyances et non du monde tel qu’il est vraiment.


Il en va de même pour toute personne, qu'elle parle de vous en termes élogieux ou au contraire, négatifs.


Tout n'est que projection de sa "propre réalité", individuelle et subjective.


"Vous n'êtes pas la cause des actes d’autrui.
Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, de leur propre rêve.
Lorsque vous êtes immunisé contre les opinions et les actes d’autrui, vous n’êtes plus victime de souffrance inutile.", Don Miguel Ruiz

Ainsi, le deuxième accord toltèque nous invite à ne pas prendre personnellement les remarques d’autrui puisqu’il s’agit de leur représentation propre du monde

... que nous recevons...

... avec notre propre représentation.


"Non, je ne prends rien de ce qui m'est dit ou de ce qui m'arrive de façon personnelle.
"Ce que vous pensez, ce que vous ressentez, c'est votre problème, pas le mien.
C'est votre façon de voir le monde.
Cela ne me touche pas personnellement, parce que vous n'êtes confronté qu'à vous-mêmes, pas à moi.
D'autres auront une opinion différente, selon leur système de croyances ; donc, ce qu'il pensent de moi ne concerne pas vraiment ma personne, mais eux-mêmes.", Don Miguel Ruiz

En prenant du recul face aux émotions et pensées suscitées par les "communications" d'autrui, nous pouvons constater que ce qui résonne en nous est toujours porteur de sens...


Ce que nous apprennent nos réactions aux propos d'autrui


Avez-vous remarqué comme certains types de compliments ou de critiques vous touchent plus que d'autres ?


Que selon la personne avec qui vous êtes en relation, les émotions associées seront plus ou moins vives ?


Que ce soit dans le "positif" ou "négatif" ?


Dès lors que nous cessons d'accueillir les réactions d'autrui avec neutralité bienveillante, c'est un signal d'alerte de notre corps (au travers des émotions) et de notre esprit qu'une (ou plusieurs) blessure(s) vien(nen)t d'être ravivée(s).

Les principales blessures concernées datent de notre enfance, elles ont même traversé plusieurs générations.

Les blessures fondamentales sont les suivantes :

  • maltraitance,

  • abandon,

  • non reconnaissance,

  • rejet,

  • trahison,

  • injustice,

  • humiliation.

Elles sont tellement ancrées en nous, à nos héritages familiaux qu'elles peuvent paraître difficiles à reconnaître et encore plus complexes à guérir.


Afin de les identifier, mieux comprendre chacune de ces blessures et la manière de les sublimer, je vous propose de zapper vers cet autre article : Ces blessures d'enfance qui dirigent notre existence...


Egalement quelques techniques pour nous libérer de nos liens de souffrance dans cet autre post : Comment nous libérer de nos liens de souffrance


Ce qui me semble essentiel à retenir de nos réactions & celles d'autrui

  • notre réaction émotionnelle à ce qu'émet autrui est le message qu'une ou plusieurs de nos blessures est/sont réactivée(s) ;

  • il en va de même pour l'autre personne impliquée dans la relation : une sur-réaction de sa part est le signe que des blessures non guéries surgissent également pour elle. Ce ne sont pas forcément les mêmes blessures que les nôtres, même si la situation en jeu est identique, car chaque histoire de vie est unique.

"Chaque relation est faites de deux moitiés : vous en êtes une, l'autre est votre fils, votre fille, votre père, votre mère, vos amis, votre partenaire.
De ces paires de moitiés, vous n'êtes responsable que de la vôtre ;
vous n'êtes pas responsable de celle de l'autre personne engagée dans une relation avec vous.",
Don Miguel Ruiz dans La maîtrise de l'amour


Quelle posture face au conflit ?


"On a le choix dans notre vie entre être heureux et avoir raison.", Marshall Rosenberg.

Le conte philosophique de l'herbe bleue représente une excellente illustration de la posture à adopter à mes yeux, même si je ne me sens que partiellement en phase avec ce que ce conte propose. [voir ici : Conte de l'herbe bleue]


Dans l'attente de le découvrir, voici l'état de mes réflexions :


Ce que je vais recommander ici vous paraitra peut-être "mission impossible" :

  • surtout lorsque nous nous sentons noyés sous les émotions, les pensées répétitives,

  • rejetés ou blessés par les réactions de personnes,

  • et encore plus quand ces personnes sont chères à nos cœurs.


Pourtant, la solution pour éviter les souffrances est "simple" : il s'agit de lâcher prise à la situation.


Ne pas chercher à convaincre, quand on sait que la discussion est fermée

  • et que la personne n'est pas dans une position (au moins momentanée) de vouloir échanger,

  • ni dans une attitude "réceptive" pour échanger et élargir sa carte du monde.


Bien sur, si les échanges se font avec une ouverture d'esprit des deux partis, dans une posture d'écoute mutuelle exempte de jugement, la communication sera toujours riche et constructive,
Même si les avis sont totalement opposés !!!
Un tel dialogue peut même aboutir à des nouvelles solutions et idées que personne n'aurait trouvé seul, chacun de son côté.

L'essentiel n'est pas d'avoir raison, mais d'être en paix


Quand on cherche à avoir raison à tout prix, c'est notre ego qui se manifeste et on rentre dans une "bataille de coqs" où personne ne sort gagnant.


En effet, si l'art de la rhétorique :

  • vous mène à faire céder l'autre : la personne en face lâchera non pas parce que vos arguments auront fait évoluer son système de croyances mais parce que le rapport de force vous aura donné l'avantage ;

  • vous fait céder sans avoir été totalement convaincu : vous trouverez encore que c'est injustifié, avez l'impression de ne plus avoir le choix, d'avoir été manipulé, ressentez un certain malaise même si vous avez abouti à un accord apparent.


ATTENTION : cela ne signifie pas se renier pour avoir la paix !


La nuance peut paraître subtile, elle est pourtant de taille.

Quand je parle de ne pas chercher à avoir raison, certains pourraient rétorquer que c'est un abandon pur et dur, un reniement de soi.

Une sorte d'auto-maltraitance.

De faiblesse.


En fait, c'est l'inverse !

Comme je viens de l'énoncer plus haut, il n'y a aucune victoire à faire céder l'autre sous le coup des arguments, des jeux de langage, de la rhétorique ou des rapports de force.


Il est ABSOLUMENT inutile et vain de chercher à convaincre quand la personne en face n'est pas dans une posture de réception.


Nous pouvons attendre qu'une situation d'écoute mutuelle se présente.

Et, heureusement, la vie fait que ce type de situation peut se présenter plus tard.

Eventuellement proposer des portes qui seront peut être franchies ultérieurement pour découvrir mutuellement de nouvelles perspectives, mais rien de plus !


Quoi qu'il en soit, il s'agit de stopper toute perte d'énergie et d'attention quand la situation s'avère être une impasse.

En agissant de la sorte, dans nos actions, nos pensées et nos émotions,

  • nous nous libérons de la souffrance associée, car, OUI, ce sont des situations de souffrance, bien souvent pour les deux protagonistes ;

  • ET nous faisons preuve de respect envers nous-même.

SI !

Cela rejoint pour moi l'approche du pardon énoncée par Don Miguel Ruiz dans un autre de ces écrits (à retrouver ici : Pourquoi pardonner ?)


"Vous leur pardonnerez non pas parce qu'ils le méritent, mais parce que vous ne voulez plus souffrir ni vous faire du mal à chaque fois que vous vous rappelez ce qu'ils vous ont fait.
Peu importent leurs actes : vous leurs pardonnerez parce que vous ne voulez plus vous sentir mal chaque fois que vous y repensez.
Le pardon servira à votre propre guérison mentale." Don Miguel Ruiz

Le cœur du sujet n'est donc pas de chercher à avoir raison à tout prix (surtout sachant que nos visions individuelles de la réalité/vérité sont partielles et différentes d'une personne à l'autre), mais de faire en sorte de nous libérer de ce qui nous blesse dans la situation.

C'est d'ailleurs cette posture qui nous rendra ensuite capable du recul nécessaire (émotions, pensées) pour aller vers l'action juste.


Comme dirait Steve (merci pour cette très belle phrase) :

Passer de la justice à la Justesse !


En conclusion : accueil de l'autre & application du deuxième accord toltèque


Lâcher prise et "ne pas en faire une affaire personnelle" ne signifie pas non plus mépriser l'autre, le rejeter ou l'abandonner.


Vous l'avez compris, quand la personne réagit fortement, elle manifeste elle aussi des blessures qui n'ont pas été guéries.


Blessures qui lui sont propres, qui sont liées à son expérience de vie, une histoire familiale transmise probablement depuis plusieurs générations.

Blessures qui méritent amour, bienveillance et compassion.


Alors, pour nous aider à accueillir l'autre :

  • dans son entièreté,

  • avec respect,

  • en dépit des divergences et de ce qui oppose, et qui peut apparaître parfois comme sans issue,

  • sans en faire une affaire personnelle et raviver nos blessures,

j'ai envie de vous citer le célèbre psychologue humaniste Carl Rogers :

"J'écoute de manière aussi attentive, exacte et sensible que possible chaque individu qui s'exprime.
Que les propos soient superficiels ou importants, j'écoute.
A mes yeux, l'individu qui parle a de la valeur et vaut la peine qu'on le comprenne ;
dès lors il a de la valeur pour avoir exprimé quelque chose.
Des collaborateurs disent que, dans ce sens, je "valide" la personne.", Carl Rogers

Pour moi, Carl Rogers indique ici que ce n'est pas le contenu conversationnel qui importe mais la personne (et le contenu émotionnel de la situation).


C'est en écoutant, en accordant notre attention bienveillante que nous pouvons montrer que la personne importe avant tout le reste, a de la valeur.


L'approche de communication non violente est également très intéressante :

[ voir aussi


Evidemment, ces sages principes sont aussi simples à énoncer...
Que difficiles à appliquer, me direz-vous !

Je suis loin d'être au top pour leur mise en œuvre MAIS je suis convaincue de leur efficacité.


C'est la raison pour laquelle je me permets de vous les partager.

Pour avancer sur nos chemins d'Apprentis-Sages !

Et souvenez-vous aussi du 4ème accord toltèque : "Faites toujours de votre mieux."

Merci beaucoup pour votre écoute ! J'espère avoir le plaisir d'échanger avec vous autour de ces idées.


Pour aller plus loin

Retrouvez tous mes articles de développement personnel dans la rubrique dédiée ici

Les autres pensées du jour par là ...


Je serai heureuse de lire vos commentaires et partager avec vous !

(il faut s'inscrire au blog pour pouvoir commenter, et également avoir accès au forum avec les autres membres du blog, ...mais cela ne vous engage à rien !)



Photo du post Habitants des étangs, 16 juillet 2021 - Catherine Régnier
Photo du post Habitants des étangs, 16 juillet 2021 - Catherine Régnier

8 Comments


Unknown member
Nov 14, 2021

👍🙏🤗

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Catherine Regnier
Catherine Regnier
Dec 15, 2021
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Merci de tout cœur

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Unknown member
Nov 14, 2021

👍🙏🤗

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Catherine Regnier
Catherine Regnier
Dec 15, 2021
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🤗

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Ségo
Ségo
Jul 20, 2021

J'avais lu, il me semble que c'est dans "Le livre tibétain de la vie et de la mort" un passage ou il était raconté qu'un prisonnier tibétain allait en chantant, joyeux, se faire exécuter. A l'époque, ces lignes m'avaient interpellées. Quelle réalité intérieure vit la personne pour en être a un tel détachement ? C'est joli sur le papier la théorie, mais en pratique quelle autre paire de manches ! Entre s'en foutre royalement et laisser faire et souffrir au niveau émotionnel (sur une palette infinie de nuances) ce n'est pas aisé ... Ce cas extrême a le mérite de montrer une voie ou du moins l'accomplissement d'une forme de voie. Est ce que "ne pas en faire une affaire personnelle " c'est devenir plat…

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Catherine Regnier
Catherine Regnier
Jul 21, 2021
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Oui Ségolen, excellente question ! Le passage que tu cites interpelles effectivement....

J'ai le sentiment que le second accord toltèque signifie à la fois embrasser tous les états internes et surtout se connecter à notre essence intemporelle au delà de tout cela...Mais je me trompe peut être

Merci beaucoup d'avoir soumis cet exemple très parlant à notre réflexion et j'espère que d'autres que moi vont exprimer leur vision !

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Gregory
Jul 18, 2021

Infiniment merci Catherine pour ce très bel article avec lequel je me sens et suis totalement en phase et m'amène à te renouveler ici mon soutien car j'ai rarement croisé un être avec autant de bienveillance nourrie de sincérité, d'honnêteté, d'ouverture d'esprit, de discernement et d'intelligence du cœur

Puisse cet article éclairer et être compagnon sur nos chemins d'apprentissages partagés.

La réalité est un univers infini, que nous appréhendons dans l'expérience infinie de la connaissance de soi et du partage avec les autres et plus largement avec le vivant, cela laisse donc la perspective de gouter à de merveilleuses rencontres et découvertes dès lors que l'on souhaite semer des fleurs et porter notre attention sur la beauté de la vie.

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Catherine Regnier
Catherine Regnier
Jul 18, 2021
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Grégory,

C'est moi qui te remercie du fond du cœur pour cette belle résonance et ton soutien indéfectible qui me permet de garder espoir dans le fait que nous pouvons tous, à chaque instant, choisir d'apprendre et progresser, nous émerveiller de la Vie.

Hihih, oui le conte des éléphants, il traine quelque part ici aussi !!!!

Merci encore

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